Message du Supérieur Général en la fête de la Fondation de notre Congrégation

Juil 15, 2024 | Mathew Vattamattam, Tableau d'affichage

Chers Confrères Clarétains, chers frères et sœurs de la famille clarétaine,

En ce jour où nous concluons le jubilé des 175 ans de la fondation de notre « Querida Congregación », mes pensées vont vers une salle du séminaire du diocèse de Vic le 16 juillet en l’an 1849. C’est dans cette salle que le Père Claret et cinq autres prêtres ont commencé la « grande œuvre » que le Seigneur a initiée en eux et à travers eux. Il est certain qu’il y a 175 ans, Vic était une toute autre réalité. Mais il y a quelque chose que tous les membres de la famille clarétaine comprennent et avec lequel ils vibrent facilement depuis ce premier moment. C’est cette brûlure intérieure qui les a poussés à désirer « efficacement et essaie par tous les moyens d’enflammer le monde du feu de l’amour divin » (Aut 494). Le Père Claret savait que c’était un don de l’Esprit, un charisme, pour le bien de l’Église et il témoignait que le Seigneur avait donné à ses compagnons le même esprit qui l’animait (cf. Aut 489). Nous aussi, nous appartenons à son groupe d’évangélisateurs, car ce don de l’Esprit dans nos vies fait de nous des clarétains. Dans ma vie clarétaine et dans la vie de la Congrégation, j’expérimente la présence de l’Esprit qui nous guide et de la Vierge Marie qui nous accompagne. Je suis sûr qu’il en est de même pour vous.

En ce jour, remercions ensemble le Seigneur pour le don du charisme clarétain, le feu de l’amour de Dieu, que l’Esprit Saint a allumé dans le cœur de notre fondateur saint Claret et de ses compagnons, Etienne Sala, Joseph Xifre, Dominique Fabregas, Manuel Vilaro et Jaime Clotet, et qui a été transmis à des générations de missionnaires. Ce jour-là, Claret avait 41 ans et Clotet seulement 26. Nous nous souvenons avec gratitude et remercions Dieu pour tous ceux qui, selon les mots de Claret, « jouissent en ce moment de la gloire céleste, prix de leurs travaux apostoliques et ils prient pour leurs frères » (Aut 490). Parmi eux se trouvent les martyrs et de nombreux saints et saintes de la famille clarétaine qui ont joyeusement donné leur vie pour le Christ et son Église. Il nous appartient maintenant d’être « enflammés par l’amour de Dieu et de répandre ses flammes partout où nous allons. »

Cette année jubilaire a été un temps de grâce pour la Congrégation afin de raviver l’esprit de notre Fondateur en chacun de nous et dans nos communautés pour devenir des évangélisateurs créatifs à notre époque. Le point culminant de l’année jubilaire a été le Congrès de Spiritualité qui s’est achevé hier et au cours duquel nous avons réfléchi sur les différentes dimensions de notre spiritualité missionnaire. Je vous remercie tous d’avoir participé à la fois en présentiel et en ligne et d’en avoir tiré de nombreux bienfaits. Tous ensemble, nous réaliserons le rêve de Dieu pour la présence clarétaine dans l’Église de notre temps et nous marcherons avec l’Esprit vers la réalisation de ce rêve. Posons-nous la question : Qu’est-ce qui nous reste à la fin de cette année jubilaire et quels sont les fruits que nous portons avec nous pour nourrir notre voyage vers l’avenir ? Dans le contexte post-moderne où notre monde est inondé de valeurs séculières et de changements globaux, quels sont les défis et les appels de l’Esprit que nous découvrons dans notre discernement collectif au cours de l’année jubilaire ? Permettez-moi de souligner quelques-uns des appels importants que nous avons entendus au cours de cette année jubilaire.

1. L’appel à être des missionnaires mystiques

Aujourd’hui, l’Église a besoin que nous soyons des missionnaires mystiques. Un mystique missionnaire est, comme Claret, un tisseur de relations profondes dans quatre dimensions : avec le Dieu trinitaire, savourant la présence de Dieu et sa Parole, avec soi-même, conscient de ses mouvements intérieurs, avec ses frères, tissant et témoignant de la communion au milieu des diversités, et avec les gens, en particulier les pauvres, partageant leurs espoirs, leurs joies, leurs tristesses et leurs épreuves (cf. CC 46). Tout commence par la rencontre avec le Seigneur ressuscité, dont l’Esprit en nous fait toute la différence dans la vie. Dans la première lecture, nous voyons Josué faire un choix radical après avoir connu Dieu dans sa vie : « Moi et les miens (ma famille), nous voulons servir le Seigneur ». Ce choix existentiel pour Dieu par rapport à tout le reste est le fondement d’une vocation missionnaire. Au cours du Congrès, nous avons entendu à plusieurs reprises cet appel à être des mystiques. Sans un amour « fou » pour Jésus et son Évangile, nous ne pouvons pas inviter les gens à la source de l’amour pour étancher leur désir profond d’amour et de vie. Seul un missionnaire mystique peut dire, comme Claret aujourd’hui, « tombez amoureux de Jésus-Christ et du prochain, et vous comprendrez tout et ferez de plus grandes choses ». Jésus nous enseigne comment être un missionnaire mystique à travers la métaphore de la vigne et des sarments. (cf. Jn 15, 1-11). Nous sommes invités à « demeurer » en lui comme un sarment dans la vigne et à être taillés correctement pour porter des fruits.

2. Une nouvelle vision de la réalité dans la perspective de Jésus et de son Évangile :

La spécificité d’une vocation missionnaire prophétique est la nouvelle façon de voir les gens et le monde. Claret voyait sa société à travers les yeux de Dieu et percevait le désir profond du cœur humain pour la parole consolatrice de Dieu et écoutait leur cri pour la nourriture de l’âme. Il a soigneusement évité toute adhésion aux idéologies politiques polarisées de son époque. Voir les gens et le monde à travers les yeux de Dieu et les aimer à travers le cœur de Dieu distingue le missionnaire de ceux qui sont poussés à agir par des idéologies et des intérêts partisans qui prospèrent en divisant les gens et en générant de l’hostilité les uns envers les autres. Sans un regard contemplatif éclairé par l’Évangile, nous avons tendance à voir et à interpréter la réalité à travers les lunettes fournies par la culture prédominante et les valeurs mondaines. Le missionnaire mystique voit dans le visage de l’autre une terre sacrée unique de la révélation de Dieu, un temple de l’Esprit, même si l’autre l’ignore. Revêtons donc l’esprit du Christ comme Claret, voyons le vrai visage des autres et marchons avec eux pour réaliser le rêve de Dieu pour l’humanité.

3. Accepter la vulnérabilité pour emprunter le chemin de la conversion :

Suivre Jésus aujourd’hui implique d’accepter la vulnérabilité en nous-mêmes et dans toutes les réalités humaines dont nous faisons l’expérience concrète de différentes manières. Le déni et la défensive ne font que compliquer la vie. Dans la deuxième lecture, saint Paul rappelle les origines humbles des disciples de Jésus et la manière dont Dieu les a traités (1 Co 1, 26-31). Dieu ne nous a pas choisis en fonction de nos mérites. L’histoire du salut raconte les choix de Dieu : Dieu a choisi Moïse, et non Pharaon ; David, et non Goliath ; Marie, et non Cléopâtre ; Pierre, et non Pilate. Dieu choisit les faibles pour faire honte aux forts. Le Seigneur a donné à Claret une compréhension profonde du mystère de la vulnérabilité en le comparant à la terre qui, humblement et silencieusement, supporte beaucoup de souffrances, mais qui est féconde pour donner la vie lorsqu’elle est irriguée par l’eau vive (cf. Aut 680). Le missionnaire mystique n’a pas honte de ses origines modestes, n’est pas intimidé par les souffrances ou découragé par les échecs et les péchés, et il ne reste pas non plus chez lui avec ses dépendances et ses allergies. Au contraire, il abandonne humblement sa faiblesse à la grâce de Dieu et permet au pouvoir transformateur de Dieu, assisté par les sciences humaines, de porter des fruits pour nourrir les autres. En accueillant la guérison, le pardon et la réconciliation de Dieu dans nos propres vies, nous deviendrons une présence de guérison pour nos frères et sœurs dans ce monde brisé.

4. Se Nourrir des tables que le Seigneur a préparée et partager à partir de là

Nous avons réfléchi à l’importance pour un missionnaire d’être présent chaque jour à la table du Seigneur pour se nourrir de sa parole et du pain de vie. La vie fraternelle en communauté est le prolongement de la table du Seigneur qui nous est dressée pour partager la vie et porter « les fardeaux les uns des autres : ainsi vous accomplirez la loi du Christ ». (Ga 6,2). Nourri à ces tables, le mystique missionnaire trouve la force intérieure pour annoncer l’Évangile de la joie à ses frères et sœurs vers lesquels le Seigneur l’envoie. Chercher le Seigneur est le moyen de trouver la joie dans la vie. Nous savons par expérience que la joie du Seigneur est qualitativement différente des conforts physiques et des satisfactions égoïques. Un mystique missionnaire est une personne dont le cœur repose dans le Seigneur et qui trouve la joie débordante que Jésus donne. L’alimentation qui ne nourrit pas la santé intégrale est un paradoxe de notre société moderne. Le mystique missionnaire nourrit sa vie intégralement à partir des tables dressées par le Seigneur pour devenir entier et saint, en évitant l’obésité physique, mentale et spirituelle.

5. Cheminer ensemble sur la voie synodale

C’est l’appel de l’Esprit-Saint à l’Église d’aujourd’hui. Nous devons marcher ensemble comme frères et sœurs à différents niveaux : comme Congrégation, famille clarétaine, Église et humanité en général. Nous marchons comme des pèlerins en route vers la plénitude de vie et d’amour à laquelle Dieu nous appelle. Les attitudes d’égocentrisme, d’ethnocentrisme et de fixation sur nos propres chemins rendront notre pèlerinage difficile. Nous devrions apprendre l’art des relations bienveillantes, des conversations honnêtes, du discernement authentique et de l’accompagnement mutuel pour pratiquer la synodalité et travailler ensemble à la mission de Dieu. Il est important d’être sur le chemin, même s’il reste encore beaucoup à faire.

6. Passer du désir à l’action.

Nous devenons crédibles lorsque nous mettons en pratique ce que nous croyons et professons dans la vie. Claret est devenu un mystique missionnaire grâce aux nombreuses heures de prière, à la pratique des vertus, aux amitiés qu’il a cultivées et au temps qu’il a passé à prêcher. Dans la période post-jubilaire, ce serait le plus grand défi que chacun d’entre nous devrait relever. De retour dans nos communautés, quelle différence vais-je faire dans ma vie personnelle, dans mes relations avec la communauté et dans mon ministère ? Ce jubilé nous conduit au grand jubilé de l’Église en 2025. Accueillons ce jubilé comme une Congrégation pèlerine enracinée dans le Christ, en tant que pèlerins de l’Espérance. Nous sommes dans l’Église pour proclamer Jésus et son Évangile. Jésus n’a pas besoin d’admirateurs et de défenseurs, mais de disciples. Nous trouvons notre place parmi ses disciples. Jésus nous envoie aujourd’hui comme missionnaires apostoliques, comme il l’a fait avec Claret et ses compagnons il y a 175 ans, avec sa Mère à nos côtés pour nous former dans son Cœur Immaculé et nous accompagner sur le chemin.

J’apprécie toutes les initiatives et les événements que vous avez organisés dans vos communautés et vos Organismes Majeurs tout au long de l’année jubilaire, ainsi que les programmes offerts par le Gouvernement Général, en particulier le Congrès de Spiritualité qui s’est achevé hier. Le meilleur hommage que nous puissions rendre à la Bienheureuse Vierge Marie et à Saint Antoine Marie Claret pour avoir fondé la Congrégation, c’est de vivre joyeusement notre vocation missionnaire et d’en porter les fruits dans l’Eglise. Je vous souhaite une très bonne fête de la Fondation.

P. Mathew Vattamattam, CMF

Supérieur Général

16 juillet 2024

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